Exposition Noctambule[S] Tabou : Nuits sans larmes, Parents debout

Du 13 au 30 novembre l’exposition Noctambule[s] Tabou réalisée par l’association Nuits sans larmes, Parents Debout sera sur trois lieux différents : Cadet Roussel à Faux La montagne, La Bascule à La Renouée à Gentioux et aux P’tits Bouts à Peyrelevade.

Road-trip dans les vies extraordinaires loulou.te.s aux nuits sont moins extraordinaires selon les jours, la lune ou autre, bref, cela dépend tellement de facteurs que l’on a préféré en faire une expo photo plutôt que des mots en pagaille, voire peut-être incompréhensibles… ou encore (pire) ennuyeux.

Ce témoignage photographique est donc notre contribution à la paix du monde que, demain, nous laisserons à nos enfants. En ce qui concerne le sommeil des enfants, l’ouvrage de la pédiatre Rosa Jové, Dormir sans larmes, Editions Les Arènes, Paris, 2017, synthétise globalement la posture de notre collectif dans ses pratiques quotidiennes.

Le projet s’inscrit donc dans le (vaste) courant de militance contre les violences éducatives ordinaires.

La rencontre de la photographe, la commissaire d’exposition et des 26 familles acceptant de prêter leur image est issue de ces croisements numériques. Les quelques 200 soutiens actifs du projet (sur 350 donateurices de notre campagne de financement participatif), comportent également quelques
professionnel.les, sages-femmes, éducatrices, médecin.es.

Nous sommes conscient.es que la composition de ce groupe n’est pas représentative des sociétés dont les membres sont issu.es. Notre collectif n’est que le témoin d’une pratique au sein d’un groupe autoformé, nécessairement non représentatif vu ses modalités de recrutement.

Et les droits des femmes ?
Même non représentative, la composition du groupe projet indique une tendance lourde : ce sont
majoritairement des femmes qui portent la charge des éveils nocturnes, charge réelle et charge mentale. De là découlent des situations de grande fatigue qui vont jusqu’à la détresse, au burn-out maternel, et à de nombreuses séparations – nous le constatons tous les jours sur le groupe.

Il est possible que l’on nous reproche, parce que nous montrons des femmes qui se lèvent la nuit, de vouloir renvoyer les femmes à la maison. Une mère épuisée est en effet encore plus facilement victime de discrimination sur le marché du travail que ne le sont déjà les femmes, par simple identité de genre.
Nous souhaitons d’emblée clarifier : nous devons au féminisme historique la mise en lumière des
discriminations de genres, et la lutte pour l’accès aux droits des femmes. Ces luttes, nous les prenons pour nous, en particulier la déconstruction du modèle de la femme au foyer soumise à la dépendance
financière de son mari et la revendication de l’identité féminine distincte de l’identité maternelle.


Nous pensons cependant qu’appeler à laisser pleurer les tous-petits pour ne pas épuiser davantage des
femmes déjà discriminées (sur le marché du travail et dans la disposition de leur temps libre) est une
torsion dialectique qui a pour effet d’invisibiliser les vraies problématiques :

-l’inégalité de la répartition de la charge au sein des couples, en particulier sur toutes les questions de prise en charge des besoins de l’enfance,
-les discriminations d’accès au marché du travail qui en découlent pour les femmes-mères,
notamment en ce qui concerne les emplois à responsabilité,

-l’isolement social et familial des jeunes parents,
-les ruptures de transmission au sein des familles,
-les préjugés normés massivement véhiculés sur les « rythmes » des tous-petits, qui sont
essentiellement a-rythmiques, que ce soit en matière d’allaitement ou de sommeil, et qui
faussent également massivement les attentes des familles primo-génitrices
-les discriminations que subissent les conjoint.e.s, en particulier les hommes, culturellement
empêchés de s’occuper de leurs jeunes enfants (11 jours paternité, pression culturelle à ne pas
prendre de congé parental, malgré les incitations de la politique familiale).


L’appel au « laisser pleurer » est également une « solution » qui permet une fois de plus de reporter
les torts sur la femme, généralement la première accusée de trop de sensiblerie. Toute l’ambiguïté de
ce discours établi est alors de faire porter la culpabilité du système à celles qui le subissent.


Nous avons donc l’idée, l’espoir et l’envie de penser que ce sont ces discriminations qui sont à résoudre… mais pas sur le dos du désespoir nocturne des petits enfants.

Cette exposition s’inscrit dans les projets portés par le PAVL .

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